80 km/h sur routes : le boulet économique

Test Acount Jeudi 21 Juin 2018-11:39:07 Presse
Le Point
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Passer de 90 à 80 km/h le 1er juillet n'aurait, à entendre les pouvoirs publics, qu'un impact mineur sur la vie des Français. À voir. Les calculs paraissent savants. Passer de 90 à 80 km/h n'aurait, selon la Sécurité routière, que des conséquences secondaires : « Il faudra compter 45 secondes de plus pour un trajet de 10 kilomètres et 2 minutes pour 25 kilomètres. Mais cela permettra aux conducteurs d'économiser 120 euros par an de carburant », fait-elle valoir en soulignant que, selon des estimations de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), « ce ralentissement pourra réduire de 30 % les émissions de polluants ». Pour 10 km/h de moins, cela tient du miracle. Avec 20 km/h de moins encore, à 60 km/h, on roulerait sans doute, selon ce raisonnement, sans carburant.

Voilà le genre de sornettes volontiers véhiculées par les services du Premier ministre qui cherchent à toute fin à justifier une mesure réprouvée par trois quarts des Français. Voyons de quoi il s'agit. Une première expérience toute simple : prenez votre montre et voyez ce que représentent, pour de courtes distances, 45 secondes supplémentaires et puis deux minutes. C'est déjà considérable !

Mais lorsqu'on prend des professionnels du volant qui passent leurs journées sur les routes, le bilan vire à la catastrophe. Soit il leur faudra passer, pour exécuter les mêmes tâches, 12 % de temps en plus. Sur une journée de huit heures, cela représente… 58 minutes ! Soit leur employeur diminue leur rendement et augmente d'autant le montant de ses facturations auprès de ses clients. Pas très crédible. Pour préciser les choses de façon plus scientifique, il faut retenir les travaux de Jean Poulit, ancien directeur général de l'Institut géographique national, ancien chef du service de l'exploitation et de la sécurité routière et initiateur de l'opération Bison futé. On ne peut pas dire qu'il ne connaît pas son sujet. Or, rapporté par la Ligue des conducteurs, il a évalué l'impact économique d'une baisse des limitations de vitesses sur les autoroutes (de 130 à 120 ou 110 km/h), les routes (de 90 à 80 km/h) et en ville (de 50 à 30 km/h sur 80 % de la superficie des zones urbaines en maintenant à 50 km/h la vitesse sur la partie la moins centrale).

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